L’OHADA célèbre la Journée Internationale des Droits de la Femme

Dès 9h30, l’événement a débuté par l’accueil des participants, illustrant la diversité des profils présents : juristes, entrepreneurs, universitaires et professionnels du chiffre. 

Dans son mot de bienvenue, Dr Alexis NDZUEUKEU, Directeur des Affaires Juridiques de l’OHADA, représentant le Pr Mayatta Ndiaye MBAYE, Secrétaire Permanent de l’OHADA empêché, a rappelé le rôle fondamental du droit des affaires comme moteur de croissance économique, insistant sur l’importance d’un cadre juridique propice à l’inclusion des femmes entrepreneures.

"L’OHADA s’engage à offrir un environnement sécurisé aux femmes évoluant dans les affaires. Leur participation accrue dans l’économie nécessite une meilleure accessibilité aux dispositifs légaux existants et une adaptation continue des mécanismes d’accompagnement".

Des débats riches sous la houlette de Mme Esther NGO MOUTNGUI épse ETOUE

Modératrice de la conférence, Mme Esther NGO MOUTNGUI épse ETOUE, Présidente de la CCIA, a ouvert les échanges en soulignant les enjeux liés à la sécurisation juridique des activités économiques féminines. Elle a insisté sur la nécessité de consolider les avancées juridiques impulsées par l’OHADA et de renforcer les dispositifs d’accompagnement pour favoriser l’essor de l’entrepreneuriat féminin.

Panorama des interventions : Des perspectives croisées sur les défis et opportunités

1. L’entrepreneuriat féminin dans l’espace OHADA
Dr Rachel-Claire OKANI, Enseignant-chercheur à l’Université de Yaoundé II, a dressé un état des lieux de l’entrepreneuriat féminin dans l’espace OHADA.
Elle a relevé un paradoxe structurant : bien que les femmes soient omniprésentes dans l’économie informelle, leur accès aux financements et aux formations spécialisées demeure limité.

"Le défi majeur réside dans la formalisation des activités entrepreneuriales féminines. Une meilleure vulgarisation des Actes Uniformes OHADA sur les sociétés coopératives et les entreprises individuelles faciliterait leur insertion dans le circuit formel".

2. L’accompagnement des femmes dans la mise en œuvre du droit coopératif
Mme Adeline EKOTO, épse EBALE, ingénieur en agroéconomie et spécialiste en économie coopérative, a mis en avant le rôle des coopératives comme outils de structuration et de financement des projets féminins. Elle a plaidé pour une revalorisation du statut juridique des coopératives et une meilleure sensibilisation des entrepreneures aux mécanismes de gouvernance collective.

3. L’exécution forcée : Les atouts de la femme huissier de justice
Maître Alice DATSING TOFACK, huissier de justice à Dschang, a exposé les défis et opportunités liés à l’exercice de cette profession par les femmes.

"Être une femme huissier dans l’espace OHADA, c’est faire face aux résistances socioculturelles, mais c’est aussi un atout considérable dans la gestion des conflits économiques grâce à une approche plus humanisée de l’exécution forcée".

Elle a plaidé pour une meilleure formation des femmes à la procédure d’exécution forcée afin de renforcer leur crédibilité et leur efficacité.

4. Femmes et modes alternatifs de règlement des différends
Dr Bintou BOLI DJIBO, médiatrice professionnelle et Présidente du Cabinet Consensualis Multi-Doors, a mis en lumière l’essor des modes alternatifs de règlement des différends (MARD), une approche de plus en plus plébiscitée dans l’espace OHADA.

"Les femmes, par leur capacité d’écoute et de médiation, ont un rôle clé à jouer dans la résolution des litiges commerciaux. L’OHADA doit accentuer la promotion de ces mécanismes dans les États membres pour limiter le recours aux procédures judiciaires souvent longues et coûteuses".

Des échanges constructifs et des recommandations stratégiques

Les échanges avec les participants ont permis d’identifier plusieurs axes d’amélioration pour renforcer la place des femmes dans le droit des affaires OHADA :

• Facilitation de l’accès au financement par des dispositifs adaptés aux entrepreneures.

•  Renforcement des formations en gestion juridique et financière pour une meilleure formalisation des activités.

•  Promotion des MARD et de la médiation commerciale pour limiter les contentieux.

•  Mise en place d’un cadre réglementaire incitatif pour l’entrepreneuriat féminin dans l’espace OHADA.

En clôture, le Pr Mayatta Ndiaye MBAYE, Secrétaire Permanent de l’OHADA, a synthétisé les discussions et mis en avant l’importance d’un engagement multisectoriel pour favoriser l’égalité économique. Il a souligné la nécessité d’un suivi des recommandations issues de cette conférence et annoncé l’élaboration d’un rapport stratégique qui sera soumis aux instances compétentes de l’OHADA pour examen.

"L’autonomisation des femmes passe par un droit des affaires accessible, protecteur et évolutif. L’OHADA continuera de jouer son rôle de catalyseur en adaptant ses instruments juridiques aux besoins du terrain".